Quand jouer rime avec enseigner
Quand jouer rime avec enseigner
Les bonnes raisons pour jouer en classe, les bonnes pratiques éprouvées par les animateurs d’Empreintes, les bons plans pour dénicher des jeux, on vous dit (presque) tout !
De quoi parle-t-on ?
Chez Empreintes, on pratique toutes sortes de jeux: des jeux sensoriels comme les kims sonores dans nos projets « Bruit », les kims olfactifs dans l’animation « Jardin des senteurs », le jeu libre dans la nature lors des stages, etc.
Dans cet article, nous aborderons plus spécifiquement les jeux de plateau qui ont été créés par les chargés de projet d’Empreintes. Il s’agit de jeux de stratégie dans lesquels chaque équipe sera amenée à faire des choix (soit de mobilité, soit alimentaires) dont l’impact collectif sera matérialisé. Dans le cas de l’empreinte écologique, la surface utilisée par les ressources est visualisée sur un planisphère. Dans le cas du transport, le CO2 généré est rendu visible par des billes de bois qui montent dans un récipient. Les équipes vont endosser un rôle et recevoir une mission à accomplir dans un temps donné. Leurs choix simuleront ceux qui se présentent dans la vie réelle.
Pourquoi jouer… en classe ?
Empreintes choisit d’utiliser le jeu parce que jouer, c’est gai !
Mais aussi parce que le jeu permet aux jeunes de s’engager pleinement et en équipe via l’aspect ludique dans des thématiques de l’éco-citoyenneté travaillée précédemment ou par la suite en classe.
Ces jeunes sont sensibilisés et sont ainsi amenés à devenir davantage acteurs de leur environnement à travers la prise de conscience d’enjeux environnementaux, la découverte d’alternatives pour développer l’écocitoyenneté, l’apprentissage sur des thématiques souvent complexes et systémiques, l’émergence de questionnement. Cette expérience, ludique et de prise de recul, leur offre la possibilité d’opérer un choix conscient.
Empreintes est, grâce à tout cela, persuadée que jouer en classe amène une plus-value à votre enseignement!
En effet, jouer :
- développe des compétences sociales et transversales telles que « se connaitre, prendre confiance » et « connaitre les autres et accepter les différences » aussi importantes que les compétences disciplinaires… ;
- apprend parfois à perdre puis à gagner ;
- permet aux élèves de se projeter, de simuler des situations de vie réalistes et d’élargir ainsi leur champ d’expériences (en « mode simulé »), avec peu de moyens (temporels, financiers) et sans courir de risque réel ;
- permet mobiliser des concepts parfois compliqués et d’approcher des situations complexes et systémiques plus facilement en rendant les enjeux environnementaux appréhendables par les élèves grâce à une simplification de la réalité.
Parce que jouer autour de thématiques environnementales permet de développer l’imaginaire, d’inventer en coopérant d’autres mondes possibles…
Quelques recommandations pour utiliser le jeu à l’école
En pratique… Les animateurs d’Empreintes vous partagent leurs bonnes pratiques ! Afin que chaque élève puisse bien observer le plateau et se sentir impliqué :
- Disposer les bureaux en cercle autour de deux ou trois tables centrales,
- Installer le plateau de jeu sur les tables centrales,
- Composer des équipes de 4 élèves maximum,
- Asseoir les équipes sur les bureaux en cercle (1équipe/1bureau) ou en U.
Poser et préserver la bulle ludique…Un temps pour jouer…
Jouer, ça se fait dans un cadre ! Pour le bien des joueurs et pour jouer vraiment, il est important de le sécuriser… Par la « clôture ludique » (des règles, un temps et un espace propres au jeu), l’enseignant propose à ses élèves un cadre « sécurisé » où ils vont pouvoir faire des expériences « virtuelles », tester d’autres choix que ceux qu’eux ou leurs familles pratiquent dans la vie quotidienne, sans conséquences ni moralisation. Par le jeu, une décentration va s’opérer et l’enfant va être confronté à d’autres points de vue, il va pouvoir clarifier ses valeurs et apprendre à négocier. Il s’agit bien d’un espace où on peut être autrement, expérimenter d’autres rôles, faire d’autres choix, se décentrer. Bref, on peut prendre des risques, et ce dans un temps donné.
Il est important de jouer pour jouer dans un premier temps… gratuitement, avec plaisir !
…et un temps pour analyser
Ensuite lorsqu’on rejoue, l’objectif d’apprentissage est présent et annoncé. À la fin du jeu, il est essentiel d’analyser ce qui a été vécu, d’y mettre des mots : qu’a-t-on vécu ? Qu’a-t-on voulu faire apprendre, qu’a-t-on appris ? Qu’a-t-on retenu ? Il est nécessaire de rejouer en expliquant que le jeu est un moyen pour apprendre ou pour mobiliser les concepts appris,…
Séparer ces deux phases est indispensable si on souhaite que les enjeux ludiques ne prennent pas le pas sur les enjeux cognitifs et inversement.
Utiliser le jeu comme introduction, comme clôture, comme étapes d’apprentissage
Jouer permet d’introduire un thème d’Éducation relative à l’Environnement. Le jeu ouvre alors l’appétit, parfois le débat, et aiguise la curiosité…
Il est également possible d’utiliser l’approche ludique en conclusion. Cela permet en manipulant par exemple les cartes « questions » ou en en créant de nouvelles avec la matière apprise de remettre en lumière et ré-encoder autrement les apprentissages disciplinaires sous une autre forme et avec d’autres enjeux ludiques ou stratégiques.
Comme expliqué ci-dessus, le jeu peut enfin servir de médium pour contextualiser, décontextualiser et recontextualiser les concepts appris et en cours d’apprentissage : on joue, on réfléchit aux éléments cognitifs que le jeu introduit, on réinvestit ces éléments formalisés, consolidés, réorganisés dans une nouvelle partie.
Pour conclure
Expert ou débutant, convaincu ou en questionnement, c’est en jouant que vous serez séduit !
Références :
- Lettre du Graine n°19
- Symbioses n°93
- Analyse Fapeo mars 2015
- Mises en jeu – l’expérience ludique comme atout personnel et collectif, Prospective Jeunesse Drogues, santé, prévention n°70, été 2014
- Notes et réflexions d’Olivier Mottint, détaché pédagogique chez Empreintes asbl de 2011 à 2014
Photos : Empreintes et Bruxelles Environnement
Quelques jeux à tester en classe
Alimen’terre
Créé en collaboration avec le BEP (Bureau Économique de la Province de Namur) le but de ce jeu est de composer un menu original (entrée, plat, dessert, boisson) à partir de différents aliments tout en respectant un contexte de repas déterminé. Mais attention à ne pas dépasser l’empreinte écologique supportable pour la planète !
Public : A partir de la 3ème primaire
Optimove classic
Ce jeu coopératif traite de la mobilité urbaine, de la sécurité routière et de l’environnement. Optimove permet à chacun de prendre conscience de son rôle, de ses responsabilités et de l’influence de ses comportements.
Public : à partir de 12 ans
Optimove Junior
Ce jeu coopératif traite de la mobilité urbaine, de la sécurité routière et de l’environnement. C’est une version différente et simplifiée d’Optimove pour les plus jeunes afin qu’ils puissent mieux prendre conscience des enjeux liés aux déplacements.
Public : de 8 à 12 ans
Ces jeux sont disponibles en prêt chez Empreintes
Découvrez ces jeux !
L’auteur :
Élise Rouard
Chargée de projets FORMATION
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