Changer les habitudes de déplacement avec un projet simple et ludique!
Après trois campagnes qui ont rassemblé plus de 100 écoles primaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Communauté germanophone, l’asbl Empreintes fait le point sur ce nouveau projet de sensibilisation et de mobilisation à la mobilité en milieu scolaire qui a permis d’accroître de 24% l’utilisation des modes actifs sur le chemin de l’école.
Développé sous le nom de « Sam de Verkeerslang » par l’asbl Mobiel 21 (Leuven) il y a une dizaine d’années, ce défi ludique de sensibilisation et de mobilisation sur la thématique de la mobilité a été étendu à 19 pays et régions d’Europe pour une phase test de 2 ans, grâce au soutien de la Commission européenne. En Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est l’asbl Empreintes qui, avec l’appui de l’asbl Fahrmit pour les écoles germanophones, a été chargée de la mise en œuvre des trois campagnes programmées en mai 2015, septembre 2015 et mai 2016.
Un projet simple et ludique.
Si la mobilité est souvent une source de frustration sur le chemin du travail, des vacances ou de l’école, le projet proposé aux établissements scolaires est lui, simple, ludique et gratuit.
Sous forme d’un défi, les établissements scolaires (élèves, enseignant-e-s, parents) sont invités à recenser les modes de transport utilisés par les élèves pour se rendre à l’école. Concrètement, l’école procède à trois temps de comptage. Un premier comptage avant le défi, qui permet à l’école d’avoir une vision sur « sa » mobilité et qui lui permet de se fixer un objectif réaliste d’augmentation de déplacements actifs (marche, vélo, transport en commun et covoiturage). Un second comptage quotidien durant les quinze jours du défi et enfin, un comptage après le défi pour observer la pérennité des changements de comportements obtenus durant le défi.
Pour mobiliser l’ensemble de la communauté scolaire, les résultats des comptages sont affichés sur une banderole, visible de tous.
Un accompagnement pédagogique dans 15 écoles
Grâce au soutien de la Wallonie, 15 écoles(1) ont pu bénéficier d’un accompagnement pédagogique de l’asbl Empreintes avant et après le défi. A travers quatre animations, les classes concernées ont ainsi abordé les enjeux de la mobilité, analysé la situation de et autour de l’école, suivi une animation consacrée à la sécurité routière et préparé une rencontre avec les autorités communales.
Car oui, après tout ce travail, les élèves ont des choses à dire aux mandataires communaux!
En bien (il est important de relever les points positifs), et en négatif aussi, mais au travers de propositions concrètes d’aménagements ou d’actions de sensibilisation. Lors de ces rencontres, nous sommes toujours étonnés de constater la pertinence des propositions et la qualité du dialogue qui s’installe avec les autorités communales. Les élèves se rendent aussi compte qu’ils sont pris au sérieux et que leurs idées, si elles sont réalisables, seront mises en œuvre.
Ils réalisent alors qu’à tout âge, il est possible de devenir acteur de son environnement.
Le bilan de ces trois campagnes ?
Si l’objectif fixé par l’Europe était de mobiliser 60 écoles au total pour les 3 campagnes, l’inscription de 110 écoles (mobilisant 11 651 élèves répartis sur 92 localités) démontre qu’il existe un réel intérêt pour changer les habitudes de déplacement pour se rendre à l’école.
Au niveau des résultats récoltés , on constate une augmentation quasi généralisée des modes de transport actifs. Pour la campagne de mai 2016 par exemple, on constate en moyenne une augmentation de 24% de l’usage des modes actifs.
Parmi ces résultats, on note également des progressions inattendues comme ce bond de 51% à Grandmenil (Manhay), où l’utilisation des modes actifs est passée de 29% à 80%, sans qu’aucun aménagement ou aucune action « spéciale » n’ait été entrepris.
Ces quelques chiffres et l’expérience de terrain nous renforcent dans l’idée que les écoles, les parents et les élèves sont prêts à s’engager dans l’utilisation des modes actifs, tant ils sont conscients que le développement de ceux-ci sur le chemin de l’école est positif pour la sécurité (routière), la convivialité aux abords de l’école ainsi que pour l’épanouissement de leurs enfants. Cependant, si les acteurs concernés souhaitent le maintien de cette dynamique et des (bons) résultats obtenus, il nous apparait nécessaire de soutenir les écoles dans leur démarche et de les encourager à renouveler ce type d’action.
Bien entendu, tous les élèves, que ce soit pour des raisons de distance, d’aménagements (manquants ou inadaptés) ou d’organisation familiale, ne pourront se rendre autrement à l’école qu’en voiture. Mais « Emile, le serpent mobile » démontre aussi qu’un projet simple et ludique peut activer le changement chez les personnes pour qui cela est possible, et elles sont plus nombreuses qu’on ne le pense.
L’auteur :
Patrick Jacquemin
Chargé de Communication et de projets mobilité
1: Barvaux, Evelette, Floreffe, Grand-Manil, Haillot, Les Isnes, Loyers, Martelange, Mont-St Guibert, Mortier, Nismes, Louvain-la-Neuve, Loyers, Thy-le-Chateau et Vaux-Chavanne.
2 : Chaque école participante est responsable de l’encodage de ses résultats sur le site Internet www.emileleserpentmobile.be. Pour mesurer l’effet de ce défi, les écoles devaient procéder à un comptage avant le défi, tous les jours durant le défi (15 jours en moyenne) et après le défi. Parmi les écoles inscrites, près de 50% ont encodé leurs données. Le taux d’encodage moyen pour l’Europe étant entre 10 et 20%.
Crédits photos : Ecole communale de Manhay, Ecole communale de Barvaux, Empreintes asbl.
Bonne nouvelle à Nismes !
Il y a quelques jours, nous avons été recontacté par Mme Preumont, Échevine à Viroinval pour nous annoncer que les aménagements discutés lors de la rencontre avec les élèves étaient en voie de réalisation par la commune et le SPW !